Un étrange pressentiment
Un étrange pressentiment
Entre trouble et envoûtement, les images de Christian Buffa explorent quelques contrées oniriques, habitées de superstitions issues des vieux âges. Temps où la puissance des croyances traçait l’horizon des hommes, où la magie supplantait la raison. Ainsi nous transporte-t-il à l’aube de rites païens, enracinés dans le mystère des signes célestes, telles ces nuées d’oiseaux, tantôt agrégés, tantôt disloqués, où semble se projeter son univers mental.
Dans cet espace de création, l’artiste côtoie le devin, au gré d’une rencontre envolée, tant pré-consciente qu’intuitive. La prescience des « voyants » suit des voies parallèles, sur les ailes du destin, où les vérités occultes appellent l’élucidation.
Oiseaux de passage, oiseaux de mauvaise augure, Oiseaux horrifiants d’Alfred Hitchcock… Tant de superstitions sont liées à ces grands essaims noirs qui transpercent l’espace, pour y écrire le sort des hommes.
Saisi dans les arcanes de l’objectif, l’imaginaire décrypte la polyphonie des signes. Un mazzeru a-t-il pris son envol pour se métamorphoser en étournaux inquiétants ? Quelques gouttelettes d’encre éclaboussent-elles les cieux, préfigurant le rituel de l’Ochju ?
La persistance des croyances, si vivaces aux confins ensauvagés de notre île montagne, imprègne le regard du photographe visionnaire. Quels mauvais présages, quelles malédictions planent sous son ciel grêlé ?
Christian Buffa nous offre une série puissamment graphique, au rendu pointilliste, où les figures ailées fusionnent en bataillons de guerre, avions, obus, missiles, prêts à s’abattre sur l’homme, anticipant son sort autant qu’il le redoute. Il triture la matière photographique pareil à l’oracle transmuant le ciel chromatique en menace, teintée de magie noire ou blanche, dans une focalisation duelle.
Claudine Olmeta
